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un barbare à Pékin
7 décembre 2010

Dans la maison de "l'artiste du peuple"

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Lao She vécut les seize dernières années de sa vie dans cette maison à cour carrée - siheyuan - située à l'est de la Cité interdite. Il s'agit de l'habitat typique du vieux Pékin, dont il ne reste plus grand-chose aujourd'hui, du moins plus grand-chose d'authentique. Comme celle-ci, la plupart de ces vieilles demeures ont été rénovées, voire détruites puis reconstruites à l'identique pour répondre aux besoins du confort moderne. Le faux cependant saute aux yeux, autour du temple des Lamas par exemple, où le tourisme a tout envahi. Et pourtant...

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Et pourtant, il reste encore des trésors à découvrir à qui se promène dans les ruelles sinueuses parfois, étroites toujours, qui entourent les siheyuan. Ces petites rues, autrefois de terre battue, ont un nom: hutongs. Nous sommes ici au 19, Fengfu Hutong, qui ne présente rien de particulier si ce n'est d'abriter la maison du célèbre écrivain. Dans ses nouvelles comme dans ces ruelles, le gris domine la scène. Gens de Pékin en rassemble quelques-unes, dont "Le Croissant de lune", récit à la première personne d'une jeune fille qui finit, comme sa mère avant elle, par se prostituer pour vivre.

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L'enfance du romancier, né à la toute fin du dix-neuvième siècle, n'avait pas été rose. Orphelin de père à un an, orphelin d'empereur à douze, Lao She fut sauvé par l'école, où ses dons littéraires furent reconnus. Le voilà bientôt professeur. En 1924, c'est le grand départ pour Londres et le début d'une longue carrière d'écrivain.

Il n'est pas surprenant que dans la brochure du musée, les commentaires concernant la période européenne de sa vie, de même que son voyage de trois ans en Amérique du Nord, soient moins fournis que ceux couvrant l'époque de la "guerre anti-japonaise" (1937-1945). Huit années d'activité débordante qui firent de Lao She un écrivain résistant.

Plus intéressante encore est la manière dont est décrite la fin tragique du romancier: "La révolution culturelle éclata en 1966. Lao She, malade, fut battu et humilié en public le 23 août. Le lendemain matin, il quitta sa maison et passa le dernier jour de sa vie au lac de la Grande Paix (Taiping Lake). A la nuit tombée, il se jeta dans le lac..."

Il n'en fut rien vraisemblablement. Ce sont les coups des Gardes rouges qui sans doute le tuèrent, et non pas lui qui se suicida. Etrange destin que celui de cet écrivain couvert de gloire au temps du communisme triomphant - jusqu'à se voir attribuer en 1951 le titre d' "artiste du peuple" par la ville de Pékin - et qui finit sa vie "suicidé" par la société même qui l'avait fait roi.      

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Cette création par Bruno Dusaussoy est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 Unported.

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